Faire acte de mémoire lors d’un anniversaire, en particulier quand il s’agit de celui d’une disparition, c’est marquer, d’une certaine manière, la défaite du temps et de la mort face à une œuvre qui leur a définitivement échappé. Il y a vingt ans, pour le 10e anniversaire de la mort de Fellini, le soir du 31 octobre 2003, Maurice Béjart présenta en première mondiale, sur la célèbre scène du Théâtre de Beaulieu, un splendide ballet intitulé Ciao Federico et construit comme un voyage dans chacun des films du Maestro. La représentation eut lieu dans le cadre de la grande exposition que la Fondation Fellini, créée deux ans plus tôt, a présentée sur 2'000 m2 : Fellini Maestro del cinéma. En 2013, le 20e anniversaire fut l’occasion de présenter une double exposition : l’une en Suisse, à la Maison du diable à Sion, également inaugurée deux ans plus tôt, et intitulée Fellini Un artiste du XXe siècle, l’autre exposition accueillie par le Musée Ludwig de Coblence en Allemagne avec pour titre Fellini und die Künste. Offrant un dialogue au-delà des cultures et des lieux, les deux expositions présentaient nombre de documents inédits d’une œuvre encore en mouvement. L’engagement de la Fondation Fellini s’est avéré essentiel dans la mise sur pied de ce travail de mémoire, qui en fait est un travail sur l’imaginaire d’un artiste-démiurge. En effet, l’enrichissement de la Collection de la Fondation Fellini a pu offrir aux auteurs de notre temps un vrai lieu d’expression.

 

Après David Lynch en 2018 et Pedro Almodovar en 2021, cette année commémorative a donc invité un nouvel artiste à interpréter l’œuvre de Fellini, forme d’art total et pérenne au-delà de l’apparente fugacité du cinéma. Après une résidence soutenue par la Fondazione Margherita de Sion, l’artiste et professeur américain, G. D. Cohen, a créé, à partir de ses recherches « forensiques » dans les archives de la Fondation Fellini, l’exposition Onirogramas. Derrière ce titre signifiant littéralement « l’écriture du rêve » se cache une trouvaille de l’artiste dans la collection de Sion, celle de deux mystérieux carnets illustrés et signés du nom d’Hermaphroditos. Provenant d’Argentine, ces carnets ont constitué, pour G. D Cohen, le fil conducteur de son exposition inédite à la Maison du diable à Sion. Qui était Hermaphroditos ? Un mystérieux « aficionados »  du Maestro ou un acteur souhaitant figurer aux casting du Casanova ? Comment les carnets ont-ils atterris à Sion ? Présentant des oeuvres originales, peintures à l’encre d’alcool et aquarelles, dialoguant avec des documents provenant des archives, l’artiste tente avec Onirogramas de répondre aux questions soulevées par ses recherche et révèle ainsi l’inconscient argentin des archives sédunoises.

 

Une exposition passionnante mettant en lumière, 30 ans après la mort du Maestro, la vitalité et la puissance de son oeuvre.

 

L’exposition est ouverte du mercredi au dimanche jusqu’à fin janvier.